Perspectives 2024 pour les testeurs

Une nouvelle année commence et avec elle l’exercice complexe de prédiction des évolutions!

Dans cet article je vais aborder quelques points qui devraient, selon moi, animer l’année 2024 (et les suivantes des testeurs).

L’IA en croissance exponentielle

L’année 2023 a apporté pas mal de changements, pas dans les pratiques, mais dans la vision du test et les possibilités concrètes que peut apporter l’IA. On ne va pas se le cacher l’outil « ChatGPT » a ouvert des pistes pour des utilisations concrètes de l’IA dans le test.

On a vu fleurir des articles et présentations faisant des retours d’expérience de l’utilisation de ChatGPT pour proposer des tests ou des tests automatisés de différentes solutions. On a vu fleurir des articles montrant les limites actuelles de cet outil.

Au delà de ChatGPT qui est, selon moi, l’arbre qui cache la forêt. Je vois de plus en plus d’usages concrets de l’IA qui répondent à des besoins des testeurs. Je pense notamment à des outils comme Gravity qui permettent de proposer des tests en fonction des usages du logiciel. Je pense également aux outils d’automatisation intégrant de plus en plus de reconnaissance d’image, d’OCR ou de moyens de simplifier la maintenance.

Enfin, l’IA ne devrait pas se contenter de faciliter la vie de certaines équipes, elle va aussi la complexifier car de l’IA est intégrée à de plus en plus de logiciels et il va donc falloir savoir comment la tester!

La qualité durable en lame de fond

L’année 2023 est dans la continuité des années précédentes: des acteurs du logiciels pas forcément engagés et motivés par leur travail, des logiciels centré profit plutôt qu’utilisateur (avec des dérives importantes), un impact environnemental toujours plus important.

Il y a encore 2 ans je n’entendais que très peu parler de ce sujet. En 2023 ce sujet a émergé (ou j’ai simplement ouvert les yeux ?) et je vois de plus en plus de posts à ce sujet, de plus en plus de personnes parlant de cela ouvertement sur les réseaux sociaux, de plus en plus de conférences abordant spécifiquement ce sujet… D’ailleurs le WQR 2023 a même dédié une partie complète de son rapport sur ce sujet.

La qualité et l’impact du logiciel (services numériques) sur l’humain et son environnement prend de plus de place dans l’es têtes d’esprit des personnes travaillant dans le logiciel mais aussi dans l’esprit des utilisateurs. Cela se ressent sur les entreprises qui commencent à emboiter le pas et (beaucoup) communiquer sur des produits « responsables » et un environnement de travail « respectueux »

Je pense que 2024 va continuer dans cette voie et espère que cela va même s’accélérer!

L’Agile et le problème des compétences transverses

On ne va pas se le cacher, les recherches de testeurs par les entreprises sont très importantes. Malheureusement, dans le même temps, je vois de plus en plus de testeurs junior qui ont de grosses difficultés à trouver un travail ou une mission.

Il y a donc d’un côté un manque de testeurs et de l’autre de nombreux testeurs en recherche qui ne trouvent pas de mission. Pourquoi en sommes nous arriver à cette situation ?

De mon point de vue le principal « responsable » est l’Agile. Attention je ne dis pas que c’est une méthode de travail qui crée du chômage ou exclut des personnes. Si je devais être plus précis je devrais dire, l’Agile tel qu’il est actuellement pratiqué.

L’Agile actuel attend beaucoup des testeurs. On peut d’ailleurs le voir dans la certification testeur technique Agile, un testeur Agile doit, sur le papier, être capable de:

  • Travailler sur la gestion des exigences (US/Epics…)
  • Faire du BDD
  • Accompagner les développeurs sur le TDD (on me demande souvent de le faire et je refuse car je suis non qualifié)
  • Mettre en place des processus de test efficients
  • Automatiser les tests
  • Intégrer les tests à la chaîne d’intégration
  • Gérer la virtualisation des environnement de tests
  • Gérer des données de test en suivant la RGPD
  • Et évidemment bien connaitre le fonctionnel…

Vous vous doutez que les équipes qu’intègre les testeurs juniors sont souvent déçues. Par ailleurs, la pression sur les délais empêche souvent de prendre le temps de faire monter en compétences les nouveaux arrivants qui doivent être tout de suite opérationnel.

Ces contraintes font que les entreprises recherchent des « experts » ou des testeurs très confirmés mais que les juniors ne sont pas embarqués. L’année 2024 se doit de commencer à répondre à ce problème avec la mise en place de solution de montée en compétences, de travail par « paire », d’accompagnement.

Le non fonctionnel toujours plus prépondérant

La performance est un sujet dont on a commencé à parler il y a quelques années suite à des retours d’Amazon et des études montrant que les internautes quittaient une page si elle ne s’affichait pas assez vite.

La sécurité devient un sujet central avec la RGPD

L’adaptabilité est maintenant une obligation. La majorité des connexions internet se font par téléphone, les applications doivent donc fonctionner sur de nombreux terminaux et navigateurs…

C’est maintenant l’accessibilité qui commence à pointer le bout de son nez notamment avec la RGAA.

Enfin, les notions d’éco-conception embarquent également des critères non fonctionnels.

Comme vous pouvez le voir le non fonctionnel est de plus en plus présent et va continuer à prendre plus de place en 2024!

Conclusion

L’année 2024 du testeur va poursuivre le chemin de années précédentes. Ce chemin est celui de la complexification. Le testeur va évoluer dans un environnement de plus en plus complexe où de plus en plus d’objectifs, parfois en partie opposés comme le développement de l’IA et le GreenIT, vont apparaitre ou grossir.

Il va devenir impossible pour une seule personne d’être performant sur l’ensemble de ces objectifs et le testeur devra faire des choix. De même il va être impossible de continuer à faire du test correctement sans l’intégration des testeurs juniors. On ne va pas se le cacher, on teste de plus en plus et les tests requièrent de plus en plus de savoir faire et de compétences. Il ne sera possible de répondre à cela qu’avec de nouvelles forces vives et il faudra donc être capable de les intégrer et les faire monter en compétences… comme cela était le cas avec les grosses équipes de test en cycle en V.

Et vous, que voyez vous pour le testeur en 2024 ?

Pensez à rejoindre le groupe « Le métier du test » si vous souhaitez échanger sur le test

Merci à tous ceux qui mettent « j’aime », partagent ou commentent mes articles

N’hésitez pas à faire vos propres retours d’expérience en commentaire.

8 Responses

  1. Une très bonne synthèse MArc.
    Comme d’habitude 😉
    Pour l’intégration de l’IA dans les outils de test, je pense aussi à Tricentis Test Management qui permet de générer des cas de test à partir d’exigences.
    https://marketplace.atlassian.com/apps/1228672/tricentis-test-management-for-jira?tab=overview&hosting=cloud
    Pour la partie « gestionnaire de test », Tricentis reste simple comparé à un Xray mais la partie IA a le mérite d’exister. Avec la prudence qui va avec.
    Bonne année 2024 !

  2. Bonsoir,

    En qualité de testeur junior récemment formé, je vous remercie d’avoir abordé ce sujet. Il est indéniable que pour tous ceux se trouvant dans ma situation, les recruteurs, votre soutien est essentiel, tout comme notre collaboration l’est pour vous !

    Je vous souhaite une excellente année !

  3. Bonjour,

    Actuellement en formation « Testeur logiciels » à l’ENI, je suis en reconversion professionnelle.

    Je m’étonne de ne pas voir beaucoup d’offres d’emploi concernant des profils juniors. Avez-vous des conseils pour trouver plus facilement un premier poste ?

    Je vous remercie.

      1. Je vous remercie pour cette réponse.

        Je suis étonnée car les personnes interrogées avant ma formation m’ont toutes dit que le métier était en tension. J’ai choisi cette voie pour trouver rapidement un emploi et monter en compétences ensuite.

        1. Le métier est bien en tension… Mais malheureusement, la tension est principalement sur les profils expérimentés ou des profils techniques. Il y a de la place pour les profils juniors mais c’est plus compliqué, surtout pour des profils juniors fonctionnel

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