La taverne du testeur

Thématiques du RGESN: stratégie, spécifications, architecture, UX/UI, contenus, frontend, backend et hébergement

Présentation du RGESN – la stratégie (1/8)

Préambule

Nouvelle série dans la taverne. L’idée de cette série est de faire une série d’articles semblables à ceux sur l’ISO-25010 et aux familles d’indicateurs: 1 article qui décrit chaque catégorie, permet de les comprendre… et donc de mieux comprendre globalement le sujet.

Introduction

Le RGESN, pour Référentiel Général d’Écoconception des Services Numériques, est comme son nom l’indique un référentiel qui a pour but de s’assurer une conception des logiciels (et même plus largement de tous les services numériques) qui prend en compte les impacts environnementaux ainsi que des actions pour les limiter autant que possible!

Ce référentiel, comme pour le RGAA ou le WCAG pour l’accessibilité, définit un certain nombre de critères (79) qui doivent être couverts. Ces critères sont actuellement répartis en 8 thématiques:

  • La stratégie – 12 critères
  • Les spécifications – 5 critères
  • L’architecture – 6 critères
  • UX/UI – 19 critères
  • Contenus – 9 critères
  • Frontend- 11 critères
  • Backend – 5 critères
  • Hébergement – 12 critères

A l’heure actuel chaque critère est considéré comme aussi important les uns que les autres ce qui facilite un calcul de couverture mais ne représente pas forcément la réalité des impacts.

La stratégie

Lorsque l’on se penche sur le RGESN, la thématique de la « stratégie » est la première que l’on rencontre. Ce n’est pas surprenant car la stratégie liée à l’écoconception est, comme pour une stratégie de test, une pierre angulaire et une base qui va permettre d’avancer sur l’ensemble des autres sujets.

En bref, la thématique « Stratégie » dans le RGESN c’est la prise en compte des différents impacts écologiques du service numérique dans sa globalité.

Les critères de la thématique « stratégie » du RGESN sont:

  • Le service numérique a-t-il été évalué favorablement en termes d’utilité en tenant compte de ses impacts environnementaux ?

Ce critère remonte 2 points essentiels. Le premier c’est qu’il est essentiel quand on travaille sur un service numérique étudier son impact environnemental. Le second c’est s’assurer que les impacts environnementaux négatifs sont inférieurs aux impacts environnementaux positifs… ou tout du moins que ces impacts négatifs sont acceptables en comparaisons des autres impacts positifs.

  • Le service numérique a-t-il défini ses cibles utilisatrices ?

Cela ne sonne pas vraiment écoconception tellement cela semble une évidence pour toute stratégie. Néanmoins bien identifier ses utilisateurs permet de mieux cibler l’offre et d’éviter le superflux!

Dans le cas de la taverne, les utilisateurs cibles sont depuis la création: des francophones professionnels du test ou qui souhaitent se renseigner sur le sujet.

  • Le service numérique a-t-il défini les besoins métiers et les attentes réelles des utilisateurs cibles ?

Très lié au point précédent. Il est important de connaitre quels sont les besoins et attentes des futurs utilisateurs. Là encore pour proposer des fonctionnalités avec une vraie valeur ajoutée.

Cela sonne Agile mais comme j’en ai parlé lors de cette conférence, un vrai état d’esprit Agile est en synergie avec une qualité durable.

  • Le service numérique a-t-il défini la liste des profils de matériel que les utilisateurs vont pouvoir employer pour y accéder ?

Proposer des fonctionnalités utile à ces utilisateurs c’est bien! Faire en sorte que ces utilisateurs puissent accéder convenablement au service c’est mieux!

  • Le service numérique est-il utilisable sur des terminaux âgés de 5 ans ou plus ?

Peut être pour moi le critère le plus représentatif de la stratégie dans le RGESN. Un service numérique n’est pas seulement le logiciel mais aussi le matériel pour y accéder. Faire un super logiciel qui force ses utilisateurs à changer de téléphone (ou tout autre terminal) est une plaie écologique. Pour rappel, la construction d’un terminal c’est environ 80% des impacts environnementaux d’un terminal. Faire fonctionner un service sur des terminaux « anciens » est un geste écologique mais aussi social car rend ce service plus accessible (tout le monde n’a pas l’argent d’acheter un smartphone tous les 2 ans)

  • Le service numérique s’adapte-t-il à différents types de terminaux d’affichage ?

L’idée ici est de rappeler l’importance d’adapter le service au contexte d’utilisation et plus particulièrement à l’écran qui permet d’accéder à ce service.

  • Le service numérique a-t-il été conçu avec des technologies standard interopérables plutôt que des technologies spécifiques et fermées ?

Les technologies standard et interopérables sont plus pérenne dans le sens où elles ne rendent pas les utilisateurs captifs et dépendant du bon vouloir des propriétaires des technologies spécifiques et fermées.

  • Le service numérique a-t-il au moins un référent identifié en écoconception numérique ?

Le domaine de l’écoconception est complexe. Il est fréquent de se poser des questions ou de ne pas savoir comment implémenter certains éléments. Il est nécessaire, dans ce cas, de savoir vers qui se tourner. C’est le rôle du référent. De même ce dernier s’assure de la bonne mise en place des pratiques et peut accompagner les équipes.

  • Le service numérique a-t-il identifié des indicateurs pour mesurer ses impacts environnementaux ?

On ne peut améliorer que ce que l’on mesure. De même, les indicateurs sont essentiels pour identifier les différents impacts du service.

  • Le service numérique s’est-il fixé des objectifs en matière de réduction ou de limitation de ses propres impacts environnementaux ?

Avoir des indicateurs c’est bien. Ces derniers ne doivent pas rester « inutiles ». La mise en place de ces indicateurs doit s’accompagner d’objectifs comme la réduction des impacts du service ou de sa consommation.

  • Le service numérique réalise-t-il régulièrement des revues pour s’assurer du respect de la réduction ou de la limitation de ses impacts environnementaux ?

Les revues ont plusieurs avantages. Parmi ceux-ci il y a la possibilité de détecter très tôt des écarts et la création d’échanges entre différents acteurs. Il est important de se servir de cet outil pour aborder des sujets comme les impacts environnementaux.

  • Le service numérique publie-t-il une déclaration ou une politique d’écoconception ?

L’idée ici est d’être transparent, de faire connaitre ses actions et la direction dans laquelle on souhaite aller avec le service.

Conclusion

Le RGESN est un référentiel qui est pour moi essentiel. Comme tout sujet récent il peut être compliqué de se l’approprier, d’autant plus qu’il est constitué de 8 thématiques et de 79 critères.

Parmi ces critères, le plus simple à comprendre est probablement la « stratégie ». C’est également, de mon point de vue, le premier sur lequel se pencher car il se doit de devenir la locomotive de la politique d’écoconception du service numérique.

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