Bonjour Johann, peux-tu rapidement te présenter ?
Je suis Johann, l’archétype du mec touche à tout et curieux et qui a toujours aimé faire les choses par lui-même. Je suis très « Do it yourself ». J’ai toujours aimé produire et créé des choses. A l’école j’étais plutôt « à feu doux » et préférais faire des choses à côté. J’ai appliqué cette curiosité à mon travail. Au départ j’ai fait un cycle ingénieur informatique spécialisé réseau. J’ai ensuite fait de la maitrise d’ouvrage avant de faire une pause de 6 mois pour faire un voyage. Je suis revenu 6 mois plus tard et ai intégré une SSII pour faire de la recette car c’était ce que j’avais le moins fait à ce moment-là.
Après 18 mois en tant que QA j’ai enchainé les expériences entre QA et gestion de projet avant de rejoindre la maison Cartier. C’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé ma carrière dans le luxe. J’ai rapidement été Test lead. J’ai quitté Cartier 4 ans plus tard pour voler de mes propres ailes afin de devenir indépendant et ai rejoint le groupe LVMH PCIS en tant que tel. C’est là que j’ai pu consolider et mâturer notre offre de test actuelle. En 2017 j’ai été internalisé chez LVMH PCIS.
A quelles problématiques étais-tu confronté en arrivant en poste dans ton équipe de test ?
La première c’est qu’il n’y avait quasiment pas ou en tout cas très peu de recette. J’ai hérité d’un fichier Excel de non-régression de 10 lignes. J’ai donc dû repartir d’une feuille blanche.
La deuxième problématique était liée au fait que le test n’était pas encore démocratisé dans l’esprit des gens. Certaines personnes ne savaient même pas que le test était un métier. J’ai dû convaincre les différents acteurs, montré l’intérêt et l’apport du test afin d’avoir un budget.
Ce fût un vrai challenge car les personnes à convaincre étaient des personnes du métier dont le but est de vendre des produits de luxe.
Comment l’idée du « BDT » (Business Driven Testing) a-t-elle germée ? A quelles problématiques devait-elle répondre ?
En 2018 la maison Dior a voulu repenser son image numérique au travers de son site e-commerce. On a eu un gros projet de redesign du site Dior. Cette approche s’est voulue très centrée sur l’utilisateur et proche du client dans la façon de concevoir le produit. Comme j’aime créer des choses et me remettre en question, cela a été une opportunité de repenser notre façon de tester pour se coller à cette nouvelle façon de penser, centrée sur l’utilisateur (vision Agile). C’était une façon pour nous de reconnecter le test au besoin premier de nos équipes métiers et de permettre à l’IT d’être entièrement partenaire du métier. Cela nous a permis de piloter une vingtaine de marchés (filiales / pays) en simultané mais aussi de fusionner les parties parfums et modes tout en incluant des acteurs métiers qui étaient nos clients acteurs finaux. Nous sommes donc depuis en collaboration directe avec nos premiers clients car ce sont les marchés qui font le business et qui vendent aux clients.
Comment as-tu mis en place de BDT ? Quels sont ses différents aspects ?
Ça a commencé en 2018 avec des ateliers entre les équipes métiers et test IT. Parmi les équipes métiers on a inclut les équipes CRM (Customer Relationship Management) et les équipes marketing et digital. Il fallait mettre les bonnes personnes autour de la table pour construire une solution adaptée.
Pendant des ateliers nous avons co-construit des personae (profils types de clients) auxquels on a associé des parcours utilisateurs logiques de bout en bout que l’on appelle des « e-commerce journey ». C’est sur cette base là (comme de l’ATDD) que nous avons construit et validé nos projets. Tous nos tests sont désormais des « e-commerce journey » qui sont nos unités de validation. Chaque « e-commerce journey » est taguée selon différents critères (criticité, UAT, persona…) ce qui permet d’adapter nos campagnes en fonction des besoins.
En 2019 nous avons continué à développer ce concept sur 2 aspects. Le premier aspect était de tester en « 360 ». C’est-à-dire utiliser nos « e-commerce journeys » pour vérifier l’expérience client sur toute la chaine.
Exemple : « Johann veut offrir un cadeau à sa femme et doit se faire livrer en moins de 48 heures car il est très occupé au travail et a pris du retard ». L’e-commerce journey à valider est :
- Johann recherche « j’adore » dans un moteur de recherche
- Johann ajoute le produit au panier depuis la page produit
- Johann passe la commande en invité sans oublier d’ajouter quelques produits gratuits et rappelle que c’est pour un cadeau
- La commande n’est pas considérée comme frauduleuse et est transmise aux entrepôts pour préparation et mise en transport
- Une fois la commande envoyée Johann reçoit sa facture à l’adresse attendue
- La commande est reçue dans les 48 heures incluant le cadeau, les produits gratuits et un joli message
- Johann veut retourner un produit & se faire rembourser du prix correspondant
Le second aspect a été de tout factoriser de façon à pouvoir réutiliser au maximum les différentes étapes. On parle ici de « kit de roll-out » ou « kit de réutilisation ».
A ce jour, quels sont les résultats de cette stratégie ?
On a maintenant une vraie librairie de connaissance totalement réutilisable avec nos tests. On est complètement outillés et prêts à répondre à l’accélération des projets.
Tout le monde a maintenant conscience de l’intérêt du test, on fait partie du paysage projet. On peut même dire que l’on est devenu moteur. Les acteurs ont confiance dans le test, principalement dans l’ADN que l’on y a mis.
Le coût de préparation et d’exécution d’un projet d’e-commerce classique a été divisé par 4 en maintenant le même niveau de qualité et de service de test grâce au « kit de roll-out ».
Comment mesurez-vous ces résultats ?
On les mesure tout d’abord d’un point de vue budgétaire et de capacité de l’équipe.
On le ressent également avec les excellentes relations avec les équipes métiers et la collaboration quotidienne. On n’a plus d’IT versus Business en matière de test, on est tous dans la même équipe.
Tout le monde se sent bien dans l’équipe. On est dans une équipe où il fait bon vivre et où chacun à sa place. On a construit ensemble le BDT et tout le monde est très impliqué car on travaille sur quelque chose que tout le monde a construit.
Quelles pistes d’amélioration sont envisagées ?
On songe actuellement à 2 pistes d’améliorations :
- Gérer les parcours « multi-modaux » ou « omni-canal » avec passage en boutique, navigation sur téléphone et sur PC
- Analyser et utiliser les data générées avec les tests automatisés qui sont exécutés très régulièrement en environnement de test mais aussi en production afin de continuer à s’améliorer.
Souhaites-tu ajouter quelque chose ?
Merci pour tes partages et pour ton activité pour le test logiciel.
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Merci à tous ceux qui mettent « j’aime », partagent ou commentent mes articles
N’hésitez pas à faire vos propres retours d’expérience en commentaire.