Lucie Duchemin: Ingénieure Qualité

Bonjour, qui êtes-vous, quel est votre métier et quelles sont vos activités professionnelles ?

Je suis QA engineer chez Weekendesk. Je m’occupe principalement de l’automatisation des tests sur le site web. Étant la seule QA dans mon entreprise, la responsabilité des tests manuels est pas mal confiée aux chefs de produit mais j’en fait aussi lorsque l’on sort une grosse fonctionnalité.

Pouvez-vous décrire simplement votre métier ?

Mon métier c’est de comprendre parfaitement tout le fonctionnement des applications que je dois tester afin de couvrir au maximum les différents cas d’utilisations possible par des tests (qu’ils soient manuels ou automatiques, au niveau de l’interface utilisateur ou dans couches plus basses comme au niveau des API). C’est aussi parfois savoir se mettre dans la peau d’un utilisateur « lambda » pour identifier les parcours qui peuvent ne pas être clairs ou sembler illogiques.

En tant qu’ingénieur qualité, on est à l’interface entre l’équipe produit qui imagine les nouvelles fonctionnalités et l’équipe de développement qui va les implémenter. On peut être amené à faire de la revue sur les spécifications afin d’identifier avant même le début des développements si il y a des oublis de certains cas d’utilisation. Une fois que les développements sont terminés, on vérifie que tout fonctionne correctement. On identifie et qualifie les bugs pour qu’ils soient corrigés avant que la fonctionnalité ne soit accessible aux utilisateurs. Pour vérifier que la nouvelle fonctionnalité ne cassent pas d’autres parties dans l’application, on fait également des tests de non-régression. Ces sont ces tests là que j’automatise.

Selon vous quel est le but de votre métier ?

Mon but est d’offrir la meilleure expérience possible aux utilisateurs du produit sur lequel je travail. Cela passe principalement par le fait de leur fournir un service avec le moins de bugs possible mais ça peut aussi vouloir dire faire des propositions pour améliorer le produit.

Pouvez-vous décrire votre journée type ?

Ma journée type commence par un daily ou chaque membre de l’équipe parle de ce qu’il a fait la veille, de ce qu’il va faire dans la journée et des éventuels point de blocage qu’il rencontre. Dans mon rituel quotidien, il y a aussi vérifier que les tests automatiques qui sont exécutés tous les matins sont passés avec succès et sinon, déterminer pourquoi les tests ont échoués. Pour le reste, cela dépend beaucoup du projet sur lequel je travaille. Je peux concevoir des cas de test, faire de l’exécution de test manuel ou coder des tests automatiques.

Qu’est-ce qui vous plait le plus dans votre métier ?

J’apprécie particulièrement le travail en équipe et ce métier me donne l’occasion de travailler sur des projets nécessitant beaucoup d’échanges avec les autres membres de l’équipe (développeurs ou chefs de produit). Ce métier nécessite aussi d’être curieux et d’avoir de bonnes capacités d’analyse et cela me correspond bien.

Quels conseils donneriez-vous à des débutants ou des personnes tentées par votre métier ?

Comme pour tout métier, je pense que l’important c’est de s’intéresser à ce que l’on fait.

Quand on travaille dans la qualité, c’est encore plus important car mieux on comprend comment fonctionne le produit, mieux on pourra le tester. Il ne faut donc pas hésiter à poser plein de questions, à aller rencontrer les gens pour trouver la personne qui a la connaissance sur le sujet qui vous intéresse. Il faut aussi savoir être diplomate car notre travail consiste à mettre le doigt sur tout ce qui ne fonctionne pas correctement.

Pouvez-vous nous donner une expérience/anecdote marquante ainsi que ce qu’elle vous a apporté ?

Un des moments les plus gênants/drôles que j’ai vécu s’est passé quand je travaillais sur un application de télévision qui proposait des chaînes « pour adultes ». Mon collègue a passé quelques temps sur la résolution d’un bug de désynchronisation entre le son et l’image. L’ambiance sonore était donc un peu particulière pour un lieu de travail. Ce jour-là j’ai appris à rester professionnelle en toute circonstances (même si on a bien ri).

Quel est le cliché ou l’idée reçue de votre métier qui vous énerve le plus ? Pourquoi ?

Le cliché qui m’énerve le plus est que testeur est un métier sous qualifié pour faire du clic bouton. Cela amène parfois à ce qu’on soit peu considéré ou écouté. Heureusement, cette idée reçue ne dure pas en général. Lorsqu’on commence à travailler dans des équipes qui n’avaient pas encore de testeur, ils finissent souvent par être convaincu de l’intérêt d’intégrer ce type de profil.

Quel est le cliché ou l’idée reçue qui vous fait le plus sourire ? Pourquoi ?

Quand je dis à des personnes qui ne travaillent pas du tout dans ce milieu que mon métier est de tester des applications, ils pensent que je me balade sur le play store/App store et que je télécharge des apps pour leur mettre des notes. Ils pensent que je suis une sorte de « critique d’app » ou une youtubeuse. Je trouve ça drôle, c’est tellement loin de ce que je fais.

Quelle est la difficulté la plus fréquente à laquelle vous avez dû faire face dans votre métier tout au long de votre carrière ?

La difficulté la plus fréquente est sans doute le manque de temps alloué aux tests dans les projets. On veut livrer toujours plus vite et comme c’est la dernière étape avant la mise en production c’est souvent là qu’on essaye de rogner.

Quelles sont les personnes qui vous inspirent le plus ?

Je suis pas mal inspirée par les personnes qui présentent dans les grandes conférences de test (comme les SeleniumConf) et qui sont actives sur des blogs. Je pense notamment à Dave Haeffner et Angie Jones. Voir leurs présentations ou lire leurs articles m’a pas mal aidé à progresser.

Comment continuez-vous à apprendre ?

Je vais à des conférences pour me tenir informée de ce qui se fait (les vidéos sont souvent disponibles si on ne peut pas y aller directement). Je vais également à des meet up ce qui permet d’échanger directement avec d’autres testeurs. Je lis aussi des articles et des blogs.

Quel est l’outil qui vous semble indispensable pour exercer votre métier ?

Je ne crois pas qu’il y ait d’outil indispensable. Les outils qu’on utilise doivent être adaptés à l’entreprise dans laquelle on travaille. On n’utilisera pas les mêmes outils ni la même façon de travailler si on est dans une start up de 10 personnes ou si on est dans une entreprise avec 1000 employés. Cela dit, j’ai quand même des outils que j’apprécie particulièrement comme Hiptest pour le management des scénarios de test et BrowserStack pour faire des tests multi navigateurs / devices.

Quelles sont, selon vous les prochains challenges que votre métier devra affronter ?

Je pense que les prochains challenges seront liés à l’intelligence artificielle. Les applications ont de plus en plus recours à la personnalisation de contenu pour la recommandation par exemple. Il va falloir adapter notre façon de tester pour vérifier la cohérence des données en fonction des types d’utilisateurs.

Certaines entreprises travaillent aussi sur des outils facilitant l’automatisation des tests avec de l’IA pour trouver les éléments sur les pages et ainsi s’affranchir des problèmes de sélecteurs qui peuvent changer.

Avez-vous une devise ou tout autre chose qui vous semble importante dans votre métier ?

Vous connaissez la prière de la sérénité des alcooliques anonymes?

Je dirais que ma devise c’est un peu ça. En tant que testeur, on n’a pas toujours les moyens de faire tous les tests qu’on voudrait (impossibilité d’avoir des jeux de donnés, impossibilité d’avoir certains outils, peu de temps pour faire les tests). Il faut donc savoir choisir ses combats. Insister sur ce qui est le plus important quitte à renoncer sur d’autre point.

Interview inspirée des interviews du blog Lyon testing qui sont très intéressantes et que je vous conseille.

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