Le sport est souvent source d’inspiration dans le monde professionnel.
Il existe en France (et ailleurs) un sport assez répandu, mais très peu médiatisé : Le tir sportif.
Même si les armes ont globalement une mauvaise image, ce sport reste avant tout un sport d’adresse et de précision qui nécessite la prise en compte de nombreux paramètres et la maîtrise de plusieurs facteurs.
Pratiquant moi-même ce sport, je vais tenter de vous faire découvrir et apprécier ce sport en tentant de faire le parallèle avec notre passion commune : Le test.
La définition des objectifs
En tir sportif, pour déterminer ses objectifs, il faut commencer par choisir sa discipline.
En effet, ce sport regroupe énormément de disciplines différentes dont plusieurs d’entre elles sont présentes aux Jeux Olympiques.
Si on se concentre sur les disciplines olympiques, on peut distinguer 4 grandes familles :
- Les plateaux : Généralement appelé Ball-Trap, ce tir s’effectue avec un fusil de chasse. 3 disciplines différentes existent aux JO (http://www.fftir.org/fr/plateau
- La carabine : Tir à la carabine à 10m, 50m et 300m combinant 3 positions (Genou, Debout, Couché) (http://www.fftir.org/fr/carabine)
- Le pistolet : Tir au pistolet à 10m, 25m, 50m en précision ou en vitesse. Le tir s’effectue debout et à bras franc (tenue de l’arme à une main sans appui) (http://www.fftir.org/fr/pistolet)
- L’arbalète : Match ou Field, le tir à l’arbalète se tir de 10m à 65m (http://www.fftir.org/fr/arbalete_match_et_field)
Pour ma part, je ne pratique que le tir au pistolet sur les distances de 10m (précision) et 25m (précision et vitesse). C’est donc sur ces éléments que je vais poursuivre le parallèle.
Une fois la discipline choisie, il est important de savoir ce que l’on veut faire : Du loisir ou de la compétition. Ce choix est déterminant pour :
- La sélection des armes ;
- L’investissement financier ;
- L’investissement en temps.
Cet objectif (loisir ou compétition) est très structurant. Un mauvais choix peut provoquer des dépenses inutiles ou un découragement par manque de résultat.
Enfin, il est important de se fixer un objectif personnel … Si le but ultime dans une discipline de tir est de faire mouche (plein centre) à chaque fois, il est plus réaliste de se fixer un objectif en fonction de son niveau. Une cible de tir au pistolet est constituée de cercles concentriques rapportant de 1 à 10 points en se rapprochant du centre.
Pour ma part, j’ai commencé le tir en me fixant l’objectif de mettre tous mes impacts dans une zone correspondant au 7. Avec la pratique, mon objectif a évolué et je cherche maintenant à maintenir mes impacts dans la zone du 9 (soit un diamètre de 27,5mm pour le tir à 10m et 100mm pour le tir à 25m).
Cependant, je suis conscient que je ne dispose pas du temps nécessaire pour un entrainement qui me permettrait de viser l’objectif d’atteindre systématiquement la zone du 10… Inutile donc d’espérer une sélection en équipe de France pour les prochains JO
C’est quoi le rapport avec les tests ???
Le choix des armes et les efforts à fournir
Une fois les objectifs clairement identifiés (Discipline, niveau, …), arrive le choix des outils : S’il parait évident que l’on ne fait pas les 24h du Mans à vélo, il en est de même pour les armes utilisées pour la compétition.
En effet, les armes utilisées pour le tir sportif dans les disciplines de précision n’ont rien à voir avec les armes de dotation des forces armées ou des forces de l’ordre.
Il est donc important de choisir une arme adaptée à la discipline plus qu’une arme à la mode dans le dernier jeu vidéo du moment ….
De plus, l’arme doit être fiable, engendrer un minimum de contrainte et être adaptée à la morphologie du tireur.
Enfin, on évitera également de se précipiter avec une nouvelle arme à une compétition … On va prendre le temps de l’essayer avant de la choisir, de s’y habituer, de la régler …
Bref, on va s’entrainer et acquérir les automatismes à la hauteur des objectifs que l’on s’est fixés.
C’est quoi le rapport avec les tests ???
La maîtrise des fondamentaux (visée et le lâché)
Une fois la discipline et les outils choisis, il faut apprendre à tirer …
Contrairement à ce que beaucoup de personnes pensent, l’élément le plus important à regarder au moment du tir n’est pas le centre de la cible, mais les organes de visées (le guidon et le cran de mire).
“Pourquoi ?” Me direz-vous … Tout simplement car un écart très faible d’alignement du canon (matérialisé par les organes de visée) se traduit inévitablement par un écart important en cible à cause de la distance que doit parcourir le projectile avant d’atteindre son objectif (Je ne vous explique pas l’histoire de Pythagore…).
Cette erreur est la plus pénalisante dans le tir, car elle entraîne généralement les écarts en cible les plus grands. On parle d’erreur angulaire …
Pour éviter cela, il est indispensable de rester toujours concentré sur l’alignement des organes de visée sans se laisser distraire par la cible ou les éléments extérieurs.
Le deuxième élément important pour la phase de tir est ce que l’on appelle “le lâcher”.
C’est tout simplement l’action qui consiste à appuyer sur la queue de détente (oui … c’est le vrai nom de ce que l’on appelle communément “gâchette” qui en fait est un élément interne de l’arme …) jusqu’au départ du coup.
Cette action doit être naturelle et ne doit pas perturber l’alignement des organes de visée… Pour se faire, il faut “apprendre” à ignorer cette action tout en la faisant de manière automatique. On doit parvenir à un départ du coup qui génère de la surprise tout en étant maîtrisé… Ces 2 actions doivent être synchronisées pour obtenir un tir correct.
C’est quoi le rapport avec les tests ???
La mise en place d’automatisme (L’entrainement)
Tous ces éléments ne s’améliorent qu’avec un entrainement régulier et un minimum d’effort. La plupart des automatismes n’apparaissent qu’après avoir tiré quelques milliers de munitions … Avec la pratique, les bons réflexes apparaissent et les réglages s’affinent.
On met également en place une procédure que l’on appelle “séquence de tir” allant de la prise en main de l’arme jusqu’à l’analyse du tir après le départ du coup.
C’est quoi le rapport avec les tests ???
Accepter les imperfections (Le bouger)
Comme je l’indiquais, le tir de précision au pistolet, s’effectue debout et à bras franc. C’est à dire en tenant le pistolet à une main et sans appui.
Vous imaginez bien que la stabilité joue un rôle très important dans le résultat en cible… Et pourtant, quoi que l’on fasse, dans cette position on bouge tout le temps.
Impossible de rester immobile très longtemps avec le bras tendu et un poids d’un kilo dans la main : La respiration fait se lever ou baisser le bras, les battements du cœur sont perceptibles également …
Et la fatigue après 1 heure de match se fait aussi ressentir …
Et j’oubliai de le préciser, mais pour réduire les perturbations liées à la respiration, le tir se fait en apnée … Inutile de vous dire que la visée ne doit pas être trop longue …
Bref ! Pour être efficace, le tireur doit accepter de bouger en restant dans une zone qui va lui permettre d’atteindre son objectif.
Le moment où la visée parfaite dans un immobilisme total va lui permettre d’atteindre à coup sûr le 10 n’arrivera jamais.
Et plus il attendra ce moment, plus l’amplitude du bouger augmentera avec 2 résultats possibles :
- On ne pressera jamais sur la queue de détente ;
- Le coup partira dans de mauvaises conditions (fatigue, bougé trop important, …) et provoquera un mauvais score.
Dans mon cas, ma zone de bouger acceptable correspond à la zone du 9. Cette zone s’est réduite avec l’entrainement, et il m’a fallu plusieurs mois avant d’accepter cette “imperfection” comme quelque chose d’acceptable dans le tir ….
Mais voilà, en acceptant de bouger dans la zone du 9, il arrive très souvent d’atteindre le 10 . On arrive aussi à tenir les temps lors des matchs et les erreurs commises sont moins pénalisantes.
C’est quoi le rapport avec les tests ???
L’analyse des erreurs et la correction des problèmes
Un match de précision au pistolet en distance 10m se déroule sur 60 tirs. Mais on a l’habitude de dire qu’en fait, on fait 60 matchs d’un seul tir …
En effet, chaque tir fait l’objet d’une analyse afin de comprendre les éventuelles raisons d’un écart en cible (même les plus faibles) et les éliminer ou les corriger au prochain tir.
Cela peut venir d’un mauvais réglage, de conditions lumineuses différentes de l’habitude ou changeantes, d’une mauvaise prise en main de l’arme ou, et c’est souvent le cas, du non-respect de la séquence de tir que l’on a mis en œuvre à l’entrainement sous la pression de l’événement …
Le contrôle constant des écarts permet de réagir rapidement lors d’un match et parvenir à atteindre ses objectifs.
C’est quoi le rapport avec les tests ???
Une remise en cause constante
Si l’entrainement permet de mettre en place des automatismes et bâtir une séquence de tir, les matchs et leurs analyses sont de bonnes occasions pour les remettre en cause …
En effet, l’expérience nous force à constater que souvent ce que nous avions mis en place à l’entrainement n’est pas adapté aux conditions de match (stress plus important, concentration plus difficile, contrainte de temps plus pesante, …).
Il est donc très important de remettre en question très fréquemment ce que l’on a mis en place en prenant en compte l’efficacité réelle de notre façon de faire théorique dans les conditions cibles (le match en compétition).
C’est quoi le rapport avec les tests ???
À propos de l’auteur: Christophe Lepinoy
Après un début de carrière dans le développement à la fin du siècle dernier, je me suis naturellement orienté vers le monde du test logiciel (bien faire un produit, c’est bien, faire le bon produit c’est encore mieux !).
Depuis presque 20 ans, je tire parti de mes expériences (bonnes ou mauvaises) pour tenter d’apporter aux entreprises les meilleures approches de test correspondant à leurs contextes. Aujourd’hui chez Davidson Consulting, ou j’essaye de faire grandir la culture QA, j’accompagne nos clients dans la définition de leurs stratégies de test, et la mesure des gains de performance associés