Bonjour, qui êtes-vous, quel est votre métier et quelles sont vos activités professionnelles ?
Je suis Rémi Poulin, baroudeur dans la performance des applications depuis 12 ans.
J’ai commencé ma vie professionnelle du côté production (moyen de supervision), un peu d’intégration, et je suis tombé un peu par hasard dans les problématiques des tests de charge. Depuis je suis devenu accro, d’abord comme consultant, ensuite comme responsable d’activité de performance.
Pouvez-vous décrire simplement votre métier ?
Une application est une vitrine d’une marque, d’une société.
La performance (temps de réponse, taux d’erreur lié à la volumétrie des utilisateurs) et la robustesse aux pannes du SI sont donc des facteurs important dans l’expérience client, au même titre que l’UX ou la qualité fonctionnelle.
Selon vous quel est le but de votre métier ?
L’objectif d’une activité de performance consiste à anticiper le comportement d’un SI avant que les clients ne l’utilisent, et donc de participer activement à son amélioration.
Il faut alors définir une stratégie de test avec le projet (que faire pour montrer quoi) : objectifs (temps de réponse, taux d’erreur, stabilité), modélisation de l’utilisation, jeux de données, type de test.
En phase de réalisation, développer l’injection (forcement automatisée), exécuter les tirs, analyser et historiser (si il y a un sens) les résultats avec le projet.
Que conseillez-vous pour atteindre ce but ?
Faire de la performance, c’est être polyvalent :
- Savoir communiquer : il faut savoir communiquer pour comprendre les enjeux et expliquer les résultats,
- Être critique : les résultats sont-ils cohérents avec l’objectif ? L’injection est-elle cohérente avec la modélisation ? le comportement observé est-il la base du problème ou une conséquence du problème ?
- Être curieux : il faut toujours creuser pour comprendre, comment savoir si telle ou telle techno est utilisée correctement ? comment utiliser les logs pour l’analyse ? comment monitorer l’ensemble pour savoir ce qui se passe dans la plateforme ?
- Être passionné : c’est une activité pleine de surprise et de rebondissement, il faut avoir la fibre et être persévérant.
- Et surtout capitaliser : Il existe des formations sur les outils d’injection, sur outils de monitoring et d’analyse (apm), mais un bon testeur de perf a rencontré de nombreuses situations différentes et a su capitaliser sur son vécu ce qui le rend plus pertinent.
Qu’est-ce qui vous plait le plus dans votre métier ?
L’analyse d’un problème de perf est comme une enquête de police, il faut rassembler des indices ou trouver un moyen d’en créer, établir des hypothèses et trouver un moyen de les valider/invalider.
Mettre en place une stratégie de performance en cohérence avec le fonctionnement et les besoins de chaque entreprise. Il n’existe pas de « recette universelle », chaque entreprise à un modèle de développement (V/ Agile), une organisation et une complexité de son SI (application isolé, modulaire, canal d’accès …) différent, la stratégie de performance globale est donc à adapté aux besoins de l’entreprise.
Quels conseils donneriez-vous à des débutants ou des personnes tentées par votre métier ?
Trouver un Mentor qui vous transmet sa fibre de la performance, c’est la meilleure des formations.
Pouvez-vous nous donner une expérience/anecdote marquante ainsi que ce qu’elle vous a apporté ?
L’une des premières applications que j’ai testées souffrait d’une utilisation abusive de la base de données. Le design et l’architecture (nano-service) en était la cause.
Pour moi, la seule solution était de repasser par la case développement.
Le DSI est venu me voir, m’a montré un bon de commande pour un HP superdome et le délai de livraison (moins d’un mois). Avec le délai de mise en marche de la machine, il avait une solution matérielle avec un chiffrage précis en 1,5 mois.
Coté développement, le délai était de 6 mois minimum pour un chiffrage bien plus hasardeux et au final beaucoup plus cher.
Le but n’est pas d’atteindre une forme de perfection, mais de répondre à un besoin en apportant un maximum d’éléments pour évaluer le risque et la meilleure façon de l’adresser.
Quel est le cliché ou l’idée reçue de votre métier qui vous énerve le plus ? Pourquoi ?
Pour beaucoup, un testeur de perf n’est qu’un producteur de tableau de temps de réponse.
Le tableau des temps de réponse est certes la base du travail, mais en soit ça n’apporte pas grand-chose de constructif si celui-ci est livré « seul ».
D’excellents temps de réponse cachent potentiellement des anomalies (pb de répartition de charge entre des instances), là ou un tableau de temps de réponse moyen peuvent-être une belle progression du comportement (utile pour les clients, même si l’objectif cible n’est pas encore atteint).
Tous les décideurs attendent des statuts binaires : ok/ko, hors les résultats sont généralement des nuances de gris plus ou moins foncés.
Quel est le cliché ou l’idée reçue qui vous fait le plus sourire ? Pourquoi ?
Le cliché : avec la virtualisation (type aws), plus de problème de perf, il suffit d’ajouter des vm.
D’abord, il faut que l’application soit réellement scalable et robuste donc bien pensé et bien réalisé. Il faut aussi que le monitoring soit éprouvé et pertinent pour que les redimensionnements soient effectués aux bons moments.
Pour finir, ajouter des VM ou de l’infra à un cout, et donc un impact direct sur sa rentabilité qu’il ne faut pas négliger.
Quelle est la difficulté la plus fréquente à laquelle vous avez dû faire face dans votre métier tout au long de votre carrière ?
L’effort de performance est extrêmement cyclique dans les entreprises : un gros incident amène une prise de conscience, un effort plus ou moins important est effectué, entrainant des améliorations. Petit à petit l’activité est délaissée … jusqu’au gros incident suivant.
Comment continuez-vous à apprendre ?
L’avantage de cette activité, c’est que nous sommes dans un monde qui change très vite, les techno et les organisations se succèdent les unes aux autres … il faut en permanence s’adapter, proposer des stratégies, comprendre comment analyser les données, identifier les points critiques à surveiller, mettre en place un tuning adapté.
L’apprentissage est donc permanent.
Quel est l’outil qui vous semble indispensable pour exercer votre métier ?
Un outil d’injection, des outils d’analyse, de quoi exploiter les logs, du bon sens et de la curiosité.
Quelles sont, selon vous les prochains challenges que votre métier devra affronter ?
Intégrer la notion de performance dès le développement, une démocratisation de l’approche « Performance TDD ».
Avez-vous une devise ou tout autre chose qui vous semble importante dans votre métier ?
Un goulot d’étranglement peut toujours en cacher un ou plusieurs autres…
Interview inspirées des interviews du blog Lyon testing qui sont très intéressantes et que je vous conseille.
Pensez à rejoindre le groupe Le métier du test si le test vous intéresse !
N’hésitez pas à me suivre et lire mes autres articles si vous voulez en apprendre plus sur le test ou venir partager vos connaissances
Merci à tous ceux qui mettent « j’aime », partagent ou commentent mes articles