Les jeux sont présents presque partout, à tout moment de notre vie mais aussi dans le monde animal où ce dernier sert à mesurer et à établir un ordre établi. Cette présence montre un intérêt au-delà de l’amusement lié à cette activité. S’il est un endroit où les jeux ne sont pas (encore) vraiment présents c’est le milieu professionnel et notamment celui du test logiciel ou plus largement de l’IT.
Mais, avant toute chose, il me paraît important de se mettre d’accord sur ce qu’est exactement un jeu car, comme vous l’aurez compris, les “serious games” ne sont pas vraiment des jeux!
Qu’est-ce qu’un jeu ?
Il y a de nombreuses définitions au terme « jeu », néanmoins si je devais retenir une définition permettant de déterminer si l’on parle d’un jeu ou non ce serait une combinaison de 4 éléments.
Le jeu en lui-même est universel dans l’idée où il existe toujours quelque part un jeu adapté à sa condition, ses compétences et ses connaissances.
Pour moi, un jeu doit:
- ÊtreAccessible: à part exception ou contraintes spécifiques, un jeu doit être compréhensible et jouable par un grand nombre de personnes
- ÊtreLudique : un jeu doit être amusant, donner l’envie d’y (re)jouer (par exemple avec un challenge et l’envie de se dépasser)
- Avoir un But et des règles : il doit y avoir un objectif et un cadre pour y arriver. Il est bon de noter que certaines règles, notamment dans les jeux vidéos et jeux de société “legacy”, peuvent se découvrir progressivement
- Proposer une courbe d’apprentissage : on doit pouvoir s’améliorer avec l’expérience
Avec cette définition, on remarque que le jeu englobe différentes variantes comme les jeux vidéos, les jeux de société, les jeux de cartes mais aussi certains sports (on « joue » au foot) :
Jeu | Ludique | Règles[OD1] | Apprentissage |
Football | Entraide (équipe) Accomplissement Courir… | + de buts que son adversaire, 11 joueurs, 2 équipes, limites terrain… | Stratégie, communication, tirs, passes… |
Echecs | Challenge intellectuel | Déplacements des pièces, 2 joueurs, chacun son tour | Stratégies, anticipation, calculs |
Mario | Aller aussi loin que possible, speed runs… | Sauver Peach Encadrées et définies par le jeu! | Maîtrise de mario, différents ennemis et mondes |
Bataille | Aspect aléatoire, imprévu | La carte la plus forte l’emporte, si égalité: bataille | Reconnaître les valeurs les plus élevées |
Pétanque | Résultat des actions, décisions… | Calcul des points, boules les plus proches, tour de jouer… | Précision, stratégie (tirer ou pointer)… |
Jungle speed | Situations | Attraper le totem le plus vite possible au bon moment | Reconnaître les situations, anticiper, attraper le totem… |
On remarque également que les ateliers organisés dans le cadre professionnel ne sont pas des jeux, comme les « serious games » notamment à cause du manque de « fun » mais aussi de par l’absence de courbe d’apprentissage (peu de chose à apprendre après 1 partie) et une nécessité fréquente d’avoir des connaissances en amont sur un métier en particulier.
Au final je résume un jeu avec cette image :
Savoir ce qu’est un jeu c’est bien mais quels sont les apports des jeux ? Pourquoi ces « jeux » qui peuvent sembler être une perte de temps pour certains (car les jeux ne “produisent” rien) ont-ils tant de succès ?
Les apports des jeux
Comme mentionné précédemment, les jeux sont très présents. Ils sont présents à tout âge de notre vie (avec des jeux adaptés à différents âges) depuis des millénaires avec des pierres peintes sculptées datant de 5000 ans. Cette attirance pour le jeu est forcément liée à des avantages procurés par les jeux… qui s’avèrent donc beaucoup plus utiles que ce qui est véhiculé par certaines idées reçues comme le fait que les jeux sont uniquement un passe-temps pour les enfants et qu’un adulte ne devrait pas jouer.
Les apports des jeux sont nombreux, je vois néanmoins 4 axes qui me paraissent particulièrement importants et fréquents dans les jeux. En effet, les jeux nous apportent régulièrement un ou plusieurs des éléments ci-dessous:
- Des moments de partage : on partage du temps avec d’autres personnes (des amis, sa famille, ses enfants, des inconnus avec la même passion…)
- De la joie : cela permet de penser à autre chose et de profiter de moments agréables
- La discipline pour suivre des règles : on apprend à évoluer dans un cadre, repérer des limites (ou les contourner pour les tricheurs), savoir ce qui est autorisé… tout en ayant pour but d’atteindre l’objectif du jeu. Sur cet aspect,
- Un développement de compétences : pour s’améliorer à un jeu il faut s’adapter et apprendre de ses erreurs. Ces adaptations développent des compétences spécifiques à chaque jeu.
Prenons l’exemple d’un jeu classique et très accessible comme le mille bornes. Ce jeu offre bien :
- Des moments de partage grâce à du temps passé avec ses amis, enfants ou parents à tout âge.
- De la joie à travers les « vacheries », les « coup fourrés », les surprises du hasard ou encore la victoire (les parties courtes multiplient les chances de gagner sur une session de jeu)
- Un suivi des règles assez strictes et dépendant beaucoup du contexte (feu vert, limitations, vacheries…)
- Le développement de compétences comme le calcul (arriver jusqu’à 1000), la stratégie (garder ses « bottes » pour avoir un effet de surprise, garder en main les cartes pouvant aider notre adversaire…) ou encore l’anticipation (garder des cartes utiles pour contrer des vacheries adverses…)
Lorsque l’on voit tous ces apports et la diversité des jeux, il semble potentiellement intéressant de se pencher sur la possibilité de faire un jeu dédié au test logiciel (ou tout autre aspect du l’industrie du logiciel). Il faut alors se demander ce que l’on voudrait réussir à faire avec un ou des jeux pour le test.
Pourquoi un jeu pour le test ?
Les raisons peuvent être multiples. J’en vois principalement 3 :
La première serait pour introduire le test de manière ludique. Le test est encore assez peu connu (je n’ai pas encore rencontré d’enfants (et même de lycéens) souhaitant devenir testeur. Un jeu permettant d’introduire ce métier permettrait de :
- Faire connaître ce métier et de susciter des vocations
- Aider des professionnels à bien débuter dans le test
- Faire comprendre à des non professionnels certains aspects de ce métier
Une deuxième serait plus opérationnelle en proposant de développer des compétences spécifiques. Attention, il ne faut pas tomber dans les Serious Games mais bien identifier des compétences spécifiques (comme la capacité à bien faire passer un message) et les mettre dans un jeu qui n’est pas forcément sur un thème lié à l’IT. Les compétences nécessaires au test sont multiples, on peut par exemple penser à des :
- Compétences de planification
- Compétences de communication et de collaboration
- Compétences de recherche et d’observation
- Compétences de synthétisation….
La troisième raison que je propose est de donner une bonne image du test en proposant des moments de partage et des souvenirs positifs liés au test.
Ceci étant posé, il reste maintenant le plus difficile, comment faire un jeu pour le test ?
Comment faire un jeu pour le test ?
Je tiens ici à préciser qu’un jeu pour le test ne doit pas forcément être dans un environnement de test ou de développement logiciel. Ceci est d’autant plus vrai pour les jeux conçus pour développer des compétences. De ce point de vue il existe déjà des jeux permettant d’améliorer des compétences nécessaires dans le monde du test. On peut par exemple penser à des jeux comme le Times’ Up qui fait travailler sa communication. En effet, le Times’Up car pousse à bien choisir ses définitions et descriptions pour faire deviner des mots ou des personnes ou notions… avant de pousser à une forte sélection de ses mots et de finir avec un langage corporel sans mot.
De plus, il me semble très important de rappeler que concevoir des jeux, c’est un métier à part entière et qu’il peut être nécessaire, si l’on veut développer un bon jeu, de travailler avec des professionnels ou des passionnés.
Dans tous les cas, pour réussir à faire un bon jeu pour le test, il faut passer par des étapes. Ces étapes sont, au minimum :
- La définition du public cible : on ne fera pas le même jeu pour des enfants, pour des adolescents ou pour des adultes ! Les mécaniques devront s’adapter au public
- L’objectif du jeu : un seul jeu ne sera pas suffisant pour tout faire comprendre et tout apprendre du métier de testeur. Comme dans le monde du test, il faudra faire des choix ! Des choix comme les compétences que l’on souhaite développer, le niveau de compétence que l’on souhaite atteindre mais surtout ce que l’on veut mettre en avant !
- La conception du jeu : c’est la partie la plus technique ! Cette conception devra s’orienter pour répondre au contexte (à travers des mécaniques) tout en s’assurant de garder l’aspect ludique.
- Les tests du jeu : c’est un peu notre bêta test. Cela permet de voir la réception du jeu mais aussi de faire les ajustements nécessaires.
J’ai tenté de faire l’exercice sans aller jusqu’à la fin de la conception ou encore les tests. Ces tentatives nous donnent cependant une idée de ce à quoi pourrait ressembler un jeu pour les tests :
Un jeu de rôle coopératif
Exemple de jeux de rôle coopératif: Andor, Aeon’s End, Zombicide…
Un jeu de gestion de ressources
Exemple de jeux de gestion de ressources: Architectes, Root, Agricola, Terraforming Mars
Conclusion
Les jeux ne sont pas un passe-temps pour les enfants. Les jeux sont très importants dans notre développement, c’est pour cela qu’ils sont universels et intemporels. Les jeux aident à développer des compétences sans avoir l’impression de « travailler ».
Utiliser la puissance des jeux pour le test logiciel (ou tout autre domaine professionnel) dispose d’un très fort potentiel qu’il serait dommage de négliger.
Il ne faut cependant pas perdre de vue que faire un « bon » jeu n’est pas simple. Il faut que le jeu soit ludique mais aussi qu’il permette de développer des compétences spécifiques.
Un jeu pour le test logiciel reste totalement réalisable et j’ai déjà vu des initiatives allant dans ce sens pour de la formation ou de la vulgarisation. Dans ces expériences les jeux inspirés du 1000 bornes et d’un autre jeu de cartes étaient encore en phase de test mais les bases (objectifs du jeu pour les testeurs) étaient posées.
Il ne faut pas oublier que lorsque l’on fait un jeu pour le domaine professionnel (dans notre cas le test logiciel) il faut voir plus loin que le « serious game » mais bien proposer un jeu auquel même les non testeurs voudront jouer et rejouer. La meilleure manière d’y parvenir c’est de se rapprocher d’initiative déjà existante ou d’en initier. De proposer des jeux, des concepts et de les essayer. Au final il y aura sûrement de nombreux jeux de créés à partager. Ces jeux seront complémentaires car les compétences à développer ou la manière de les développer seront différentes.
A vos jeux, prêts, testez !
PS: depuis l’écriture de cet article, le jeu les 1001 tests est sorti!
Pensez à rejoindre le groupe « Le métier du test » si vous souhaitez échanger sur le test
Merci à tous ceux qui mettent « j’aime », partagent ou commentent mes articles
N’hésitez pas à faire vos propres retours d’expérience en commentaire.
2 Responses
Bonjour,
Article très intéressant mais je toens juste à preciser que depuis la version mobile du site, le tableau proposé en milieu d’article n’est lisible que sur les 2 premières colonnes 😉
Sinon ne changez rien!
Merci pour ce retour !
Désolé pour la version mobile, la gestion des tableaux est gérée automatiquement par WordPress :s